Musée Jacquemart-André
Un couple hors du commun
En pénétrant dans le Musée Jacquemart-André, le visiteur franchit le seuil d’une demeure de
collectionneurs dont la vie entière a été consacrée à la passion de rassembler des objets d’art.
Héritier d’une famille de banquiers protestants, Edouard André met sa fortune au service de ses
acquisitions d’oeuvres d’art qu’il expose dans son nouvel hôtel du Boulevard Haussmann, achevé en
1875.
Il épouse en 1881 une artiste de renom qui avait exécuté son portrait en 1872, Nélie Jacquemart. Ce
mariage sera décisif pour la création du musée, en effet Nélie Jacquemart adhère pleinement aux
projets d’Edouard-André et préside d’une main ferme à la mise en place des collections.
La passion des voyages
Nélie Jacquemart initie son mari à la Renaissance Italienne. Chaque année, le couple se rend en Italie
et forme, au fur et à mesure de ses acquisitions, une des plus belles collections d’art italien en
France. Au fil de leurs voyages, les acquisitions s'amoncellent. Sûres, rares, sélectionnées avec
précision. Les André sont conseillés par un cénacle éclairé, composé des plus grands conservateurs
de musée.
De retour à Paris, c'est Nélie Jacquemart qui met à profit son talent de peintre et son goût naturel
pour meubler et décorer les pièces nobles de l'hôtel particulier du boulevard Haussmann. Edouard,
lui, organise le musée Italien. Ils étaient connus pour leur propension pour l'art. Les voici désormais
figures emblématiques du mécénat et du collectionnisme. Première étape d'un parcours qui se
perpétue aujourd'hui, sous les yeux du visiteur.
A la mort d'Edouard André, Nélie Jacquemart achève l'aménagement du musée italien et va jusqu'en
Orient pour enrichir d'objets précieux sa collection. Fidèle au projet bâti avec son époux, elle lègue à
l'Institut de France l'hôtel et ses collections, pour en faire un musée, qui ouvre ses portes dès 1913.
En véritables mécènes, Edouard André et Nélie Jacquemart étaient mus par de profondes valeurs
philanthropiques et par une forte conviction : l'art se partage. Aujourd'hui, plus que jamais, le
visiteur rend cet adage actuel. Le plus bel hommage qu'on puisse rendre à ce couple hors du
commun.
Exposition Rubens, Poussin, et les peintres du XVIIe siècle
du 24 septembre 2010 au 24 janvier 2011
Une exposition découverte :
Cette exposition rassemble une soixantaine de tableaux issus de grandes collections privées et de
collections publiques européennes (Musées des Beaux-arts de Lille, Nantes, Rennes, Oxford, Liège…).
Elle offre une vision inédite de deux grands mouvements artistiques apparus au XVIIe siècle et de
leurs relations croisées : la peinture baroque flamande dont Rubens est le chef de file et l’école
classique française, emmenée par Poussin. Le Musée Jacquemart-André se propose ainsi d’écrire une
nouvelle page de l’histoire de l’art.
L’exposition s’attache en premier lieu à rendre compte de l’importance du courant flamand en
France au début du XVIIe siècle, en présentant les oeuvres des grands artistes présents sur la scène
artistique française (Rubens, Pourbus, van Thulden…). La confrontation de leurs tableaux avec ceux
des frères Le Nain ou de Lubin Baugin témoigne de la forte influence de l’école baroque flamande
sur les artistes français.
La suite du parcours est consacrée à l’essor de l’art classique français pendant la seconde moitié du
XVIIe siècle. Elle présente de nouveaux modèles picturaux, développés en France par Nicolas
Poussin, Laurent de La Hyre, Eustache Le Sueur ou Charles Le Brun, avant d’être adoptés par les
artistes des provinces belges et tout particulièrement ceux de Liège, tels que Bertholet Flémal,
Gérard de Lairesse… C’est sur cette évocation que s’achève l’exposition, témoignant ainsi du
renversement d’influence qui s’est opéré entre ces deux écoles au cours du XVIIe siècle.
L’empreinte de Rubens et la diffusion de la peinture flamande en France
Le grand maître du baroque, Pierre-Paul Rubens, arrive à Paris en 1625 avec une série de tableaux
sur la vie de Marie de Médicis, reine de France et veuve d’Henri IV. Commandé quatre ans
auparavant par cette dernière, cet ensemble imposant composé de 24 toiles était destiné à orner
l’aile occidentale du palais du Luxembourg à Paris. Il est aujourd’hui présenté au Louvre.
Au début du XVIIe siècle, 70 % de la production artistique anversoise est exportée, dont une grande
partie vers la France. À Paris, la foire du bourg Saint-Germain-des-Prés, animée par des marchands
nordiques, diffuse un grand nombre d’oeuvres flamandes. Les artistes et les commanditaires français
y ont donc accès et y prennent goût.
Une prédominance flamande sur la scène artistique française
Sous le règne d’Henri IV, puis sous la régence de Marie de Médicis, les artistes flamands, Pierre-Paul
Rubens en tête, obtiennent une grande partie des commandes royales : Philippe de Champaigne
dans le domaine du portrait ou Frans Snyders dans celui de l’art animalier.
Cette forte présence en France incite des artistes français à adopter les sujets et les modèles
flamands, comme les frères Le Nain dans le domaine de la scène de genre.
L’affirmation d’un art classique français
Au rayonnement d’un art venu des Flandres succède celui d’un art « idéal » initié par Nicolas
Poussin et doté d’un pouvoir poétique qui séduit bien au-delà des frontières françaises.
En effet, sous le règne de Louis XIII, se forge une identité picturale proprement française qui naît
simultanément chez des artistes tels que Nicolas Poussin, profondément marqué par son séjour à
Rome ou encore chez Eustache Le Sueur ou Laurent de La Hyre, qui n’ont jamais quitté Paris. Tous
élaborent un nouveau langage pictural : le classicisme français.
La peinture française, nouvelle référence de Liège à Amsterdam
Peu à peu, la France se constitue une identité culturelle propre qui va influencer de nombreux
artistes, notamment les Flamands. Attirés par le potentiel énorme du marché français et la
magnificence de Louis XIII puis de Louis XIV, des artistes de la principauté de Liège tels Bertholet
Flémal ou Gérard de Lairesse se rendent à Paris pour se perfectionner et apprendre les techniques
picturales françaises.
Cette exposition, véritable cheminement à travers la peinture en France et dans les provinces belges
au XVIIe siècle, témoigne de l’intensité et de la richesse des échanges culturels entre ces deux pays.
Le parcours propose ainsi un éclairage nouveau sur le XVIIe siècle qui voit les grands courants
artistiques se renverser. Après la peinture baroque flamande, c’est l’école française classique qui,
soutenue par le rayonnement politique du règne de Louis XIV, influence à son tour l’Europe des Arts.
Musée Jacquemart-André
158, boulevard Haussmann - 75008 PARIS
Tél. : 01 45 62 11 59